Article rédigé par Pascal MEYVAERT, Président.
Charles WOERLE, membre bien connu de notre association (promotion 1939), outre
le fait de nous fournir depuis de nombreuses années en succulentes galettes
des rois à notre traditionnel Pot du Nouvel An et d'avoir agrémenté
notre dernière Assemblée Générale d'un excellent
récital de poèmes en musique, nous a fait don de documents écrits
comme le " Rapport Annuel 1932-1933 " qui vous est ici résumé
et de plusieurs photographies d'Avant-Guerre qui viennent superbement enrichir
notre fonds d'archives. A cette occasion, nous lançons un appel à
tous nos membres possesseurs de documents ayant trait au Collège, quel
qu'en soit le support, d'avoir l'initiative amicale de les verser à nos
archives, et ce d'autant plus que nous bénéficions depuis l'année
dernière d'un local réservé à cet usage au sein
de l'Annexe St Joseph de la rue des Couples. Merci de bien vouloir prendre contact
avec notre Président pour toute proposition. Pour que ces précieux
documents ne disparaissent pas avec leurs propriétaires actuels !
Avant-Guerre, un " Rapport annuel " était conçu par la Direction du Collège et édité par l'imprimerie de l'Evêché (établissement LE ROUX & Cie) en fin d'année scolaire et distribué aux élèves. Voici le résumé de son contenu, du moins pour ce qui concerne l'année 1932-33, qui tient en 117 pages.
Le Rapport s'ouvre sur une rubrique intitulée Direction des Etudes et
se présente sous forme de questions-réponses. Cette partie donne
une idée assez précise de la conception de l'éducation
à cette époque…
Dans un premier temps, la Direction encourage à choisir la filière
classique (avec le latin et/ou le grec) plutôt que la filière dite
moderne. Ce sont en effet les débuts de cette dernière, qui semble
ne pas attirer les faveurs du corps enseignant du Collège. On y lit à
la page 3 que " le latin assure un supplément de formation qui n'est
pas à dédaigner. Et puis il est toujours facile, après
un an d'essai ou deux, de passer du classique au moderne, tandis qu'il est difficile
de passer du moderne au classique ".
Il y est également encouragé à accepter la décision
du corps enseignant en cas de proposition de redoublement, afin de ne pas handicaper
à vie l'élève et l'exposer à rester irrémédiablement
" en queue de peloton ", alors que le redoublement serait susceptible
de le faire rebondir en rattrapant ses lacunes et " de le convaincre qu'il
était capable de bien faire ", bref de lui redonner confiance en
soi (page 3).
Suit un paragraphe assez édifiant sur le passage à la gratuité
de l'enseignement supérieur et de la démocratisation qui s'en
suit. Voyez pour preuve (page 4) : " La conséquence normale devrait
être une augmentation considérable de l'effectif des classes et
plus tard la multiplication inquiétante des candidats au baccalauréat
(85.000 au moins, cette année), et plus tard encore l'encombrement des
universités, l'embouteillage à l'entrée des carrières,
la multiplication des sans-place, la formation d'un prolétariat intellectuel,
la préparation d'un bouillon de culture pour l'anarchie et la révolution
". Il y en a qui feraient mieux de s'abstenir de faire de la politique-fiction
!
Sont abordés ensuite les critères qui décident du passage
en année supérieure, qui sont au nombre de trois : " le classement
d'excellence [qui] résulte de l'ensemble des compositions de l'année
[où] la note de chaque matière est affectée du coefficient
1,2 ou 3, c'est-à-dire […] suivant l'importance de la matière
[…] ; l'examen de fin d'année [qui] intervient comme correctif du
classement d'excellence, en ce sens qu'un élève peut s'être
particulièrement développé en cours d'année, notamment
pendant le dernier trimestre, et l'examen final fait constater ces progrès
; enfin l'avis émis par le conseil des professeurs ".
La deuxième rubrique s'intitule Au jour le jour (page 7) et constitue une chronique de l'année écoulée. On y apprend entre autres que la rentrée des environ 870 élèves s'est déroulée le 3 octobre 1932 et a été marquée par une " crise des logements ", tant il fut difficile de trouver de la place pour tout le monde et pour chaque classe. Rien de nouveau donc par rapport à la situation actuelle. Le 4 novembre eut lieu la Fête de la St Charles, patron de l'Evêque de Strasbourg, Monseigneur Ruch, où une importante délégation d'élèves ont été invités au palais épiscopal. C'est l'occasion d'apporter la bonne nouvelle suivante à l'Evêque : 19 élèves du Collège ont rejoint le Grand Séminaire l'année précédente. Le 29 janvier 1933, c'est au tour du Supérieur KIEFFER de fêter son Saint patron, François de Sales. A cette occasion, une collecte est organisée pour l'acquisition du nouveau clavier de l'orgue de la Chapelle. Le 19 mars, l'Association des Parents d'Elèves de l'Enseignement Libre (A.P.E.L.), créée depuis environ 3 ans au niveau national, fait sa promotion au Collège. Le 2 avril, une cinquantaine d'enfants font leur Première Communion. Le 25 mai, c'est au tour d'environ 120 élèves de faire la Communion Solennelle et la Confirmation. Le 29 mai, peu avant les examens de fin d'année, les " élèves qui vont quitter le Collège éprouvent le besoin de faire un arrêt et de se recueillir " sous forme de " Retraite de fin d'études ", parce qu' " il faut déterminer à l'avance sous peine d'être surpris par les circonstances, l'attitude morale et religieuse qu'il faudra prendre en quittant le Collège " (page 10). Le 18 juin a lieu la traditionnelle procession de la Fête Dieu dans la cour du Collège. Le jour de la sortie, une Messe d'Action de Grâces présidée par l'Evêque clôturera la remise des prix et l'année scolaire écoulée.
La troisième rubrique s'intitule Les " Œuvres " au Collège
et répertorie les différentes associations existantes et, avant
tout, les Congrégations d'élèves (pages 11 à 15),
séparées en Congrégation des Grands, des Moyens et des
Petits, où l'on cultive la prière, l'étude religieuse mais
aussi des actions de Foi où les rencontres se font de manière
hebdomadaire. Existe également un Cercle d'études sociales (page
16) qui " se propose [..] de faire entrevoir à ses membres quelques
aperçus touchant les grands problèmes sociaux qui se posent de
nos jours, tout en stimulant leur piété et en encourageant leur
esprit d'initiative ". A chaque réunion, également hebdomadaire,
un sujet est présenté par un membre. Durant l'année scolaire
écoulée ont été traités les sujets suivants
: " Les transformations sociales introduites ou amorcées parle christianisme
; la propriété ; l'esclavage ; la colonisation ; le socialisme
; l'impôt ; le communisme ; la Société des Nations [l'ancêtre
de l'O.N.U. - NDLR] ; l'éducation chrétienne de la jeunesse ;
l'école unique ; l'édit de Nantes ; la piété envers
la patrie ; les assurances sur les accidents ".
Suivent la présentation de la Section Spéciale de Gymnastique
(page 20) créée cette année et revenue auréolée
du Prix d'Excellence qu'elle obtint pour sa première participation au
concours de gymnastique du groupement Notre-Dame à Oswald ; la Chorale
(page 20); les Scouts de France (page 22) et enfin l'activité Théâtre
(page 22).
Nous passerons rapidement sur la Notice Nécrologique (page 25), les discours prononcés à l'occasion de la remise des prix de 1932 (page 29), des articles intitulés En lisant l'Anabase de Xénophon écrit par le Chanoine P. SPINDLER (page 39), Saint Albert le Grand et l'Alsace par le Chanoine Lucien PFLEGER (page 43) et Productions Littéraires et Artistiques (page 47) pour relever un petit encart de cinq lignes pour faire la promotion de la Société Amicale des Anciens Elèves du Collège St -Etienne où il est prié aux élèves qui quittent le Collège de " se faire inscrire sans retard à l'Amicale ".
Quel pouvait bien être le pourcentage des sortants qui s'inscrivait à l'Amicale à cette époque (simple curiosité du Président actuel de l'association…) ?
Page 49 sont répertoriés tous les professeurs en fonction au
Collège durant l'année écoulée (on y retrouve notamment
Mlle BAUMANN Georgette, professeur de 8ème bleue, depuis veuve WOLFF
et actuel membre de notre Comité) et des éléments de statistique
(page 51) qui vous sont reproduits plus loin.
Suivent les Résultats des Examens Universitaires Français (Baccalauréat)
à la page 52, les Prix fondés et prix offerts pour l'année
1933 (page 56) où l'on peut lire par exemple que " le Bureau de
l'Amicale des Anciens Elèves a mis à la disposition de M. le Supérieur
pour les prix la somme de 300 fr. " ; le Président et le Secrétaire
de l'Amicale quant à eux offrent respectivement à titre personnel
un prix de 100 francs.
Enfin débute le Palmarès à la page 57 dont vous avez une
copie explicative qui suit : ce sont 53 pages de Tableaux de Nominations par
classe et niveau où l'on retrouve notre
ami Charles WOERLE en classe de Dixième, pour conclure en page 112 avec les Prix obtenus pour les devoirs de vacances ( !) et ceux d'Education Physique (page 113).
Le Rapport termine avec un Avis aux Familles en langue française et
allemande (pour une bonne compréhension de tous), pages 114 à
118, signés par le Supérieur et l'Evêque de Strasbourg.
On y rappelle le caractère obligatoire de l'assistance aux offices du
dimanche au Collège et y est demandée la limitation des dispenses
aux " raisons relativement graves ". On rappelle aussi qu 'un "
Bulletin de quinzaine " est adressé par voie postale tous les deux
mardis aux parents dans le " but de mettre les familles régulièrement
au courant du travail et de la conduite de leurs enfants ".
Un article revient en particulier sur l'obligation de justification valable par écrit de toute absence, y compris aux offices religieux, à adresser au Supérieur. On y aborde aussi les Devoirs de vacances où "l'esprit risque de se rouiller et les ressorts de la volonté risquent de se relâcher ; d'où l'usage des devoirs de vacances qui sont destinés à entretenir la main, à tenir l'esprit éveillé du côté des choses intellectuelles et à fournir un excellent passe-temps pour les jours où le mauvais temps empêche les excursions, les jeux et la participation aux travaux des champs. Ces devoirs seront remis à la première classe après la rentrée et ils sont sanctionnés par le Tableau d'Honneur ". De plus, " tout élève nouveau, sauf ceux qui sont admis pour la classe initiale (onzième), doit passer un examen qui décide de la classe dans laquelle il doit entrer ". L'examen a lieu la veille de la rentrée officielle. La rentrée 1933, prévue le 3 octobre, débutera à 8h30 " par la Messe du Saint-Esprit et les classes régulières reprendront à 9 heures et demie ".
En espérant que vous ayez trouvé cet article intéressant,
j'attends vos réactions pour ceux qui ont vécu la scolarité
au Collège à cette époque, afin de publier, pourquoi pas,
un florilège de vos souvenirs dans le prochain Echo et je réitère
par la même occasion ma proposition de laisser le soin à l'Amicale
de préserver les documents en votre possession concernant le Collège
pour préserver la Mémoire de l'esprit de St Etienne