Une mauvaise affaire pour St Etienne

Louis SCHLAEFLI


Voici une anecdote probablement inconnue de nos lecteurs. L'histoire de Saint-Etienne n'a pas fini de nous étonner !


Dans la liasse 396 des Archives de l'Evêché de Strasbourg, renfermant divers documents relatifs à l'église Saint-Étienne de Strasbourg, se trouve le brouillon d'une lettre adressée au maire de Strasbourg, qui n'a pas manqué d'attirer notre attention. Elle était, en effet, relative à un curieux échange de tapis, par lequel le patrimoine de Saint-Étienne allait être amoindri. Qu'on en juge par la lecture de la lettre, datée du 13 février 1900!

Am Schlusse des gefälligen Schreibens vom 23. März v. J. (...) haben Ew. Hochwohlgeboren mir den Vorschlag gemacht, einen dem bischöflichen Gymnasium gehörenden grossen Teppich, mit dem Wappen des Kardinals Von Rohan zu erwerben um denselben an passender Stelle im alten Schlosse aufhängen zu lassen zum Gebrauche der Kirche St Stephan durch einen zweckmässigen modernen Teppich zu ersetzen. Ich habe mich sofort mit dem Umtausche einverstanden und so wurde der fragliche Teppich schon im letzten Frühjahr in das Rohanische Schloss übertragen. Es wurde zum Ersatz ein neuer Chorteppich angeschafft zum Preise von 600 Mark, wie anliegende Rechnung nachweist. Wenn Ew. Hochwohlgeboren gütigst diese Ausgabe genehmigen, so kann deren betrag an den Herrn Oekonom Metz im Gymnasium St Stephan ausbezahlt werden.
(...)
Th Schmitt

Il s'agit manifestement de la tapisserie aux armes des Rohan, toujours exposée au château des Rohan. Quant au tapis reçu en échange, il y a fort à parier qu'il a disparu lors du bombardement de 1944, perte qu'il n'y a pas lieu de déplorer.
Si cet échange n'avait pas eu lieu en son temps, la tapisserie se trouverait peut-être toutefois au même endroit : l'on sait que le Collège Saint-Étienne s'est résolu, il y a bien des années, à déposer les tentures de Ste Attale et de Ste Odile au Musée de l'Oeuvre Notre-Dame.
Se pose, par contre, la question de savoir comment Saint-Étienne est entré en possession de cette tapisserie. Il convient de rappeler les efforts de l'abbé Muhe pour restituer l'ancienne église Saint-Étienne au culte : il fut, de ce fait, à l'origine de l'implantation du Petit Séminaire dans l'enclos de Saint-Étienne. C'est lui aussi qui offrit à l'église certains trésors qu'elle conserve toujours : la Piéta de Nicolas de Haguenau (1501), un rare tableau (Crucifixion) provenant du couvent des Stes Marguerite et Agnès..., et sans doute aussi cette tapisserie