Georgette Wolff
Madame Georgette Wolff, institutrice du Collège en retraite, nous rappelle un épisode douloureux du Collège, à savoir le transfert vers Périgueux en 1940. Elle nous fait part ici de ses souvenirs personnels ; puisse cet article être l'amorce d'un véritable dossier constitué à partir du témoignage de nos aînés sur cet événement !
Septembre 1939 : l'ordre d'évacuation était donné, il fallait quitter Strasbourg avec 30 kilos de bagages seulement !
Je passe sous silence les péripéties de ce voyage en wagons à bestiaux pour ne retenir que notre arrivée en Périgord après trois jours de route.
Notre carte de renseignements suspendue au cou par une ficelle, ma mère, ma sœur et moi fûmes débarqués avec beaucoup d'autres en gare de Boulazac. étonnement, déception et protestations : " Mais nous devions aller à Périgueux... ". Réponse : " Tout est plein là-bas. Ici, vous en êtes proches, vous y serez aussi bien. "
Ceux qui attendaient les réfugiés étaient désemparés face à cette troupe de gens sales, hirsutes, moroses et en plus, protestataires, souvent en alsacien, incompréhensible pour eux. Ils avaient beaucoup de mérite de ne pas prendre la fuite mais d'arpenter le quai à la recherche de ceux qu'ils pourraient emmener chez eux.
Pour nous, ce fut rapide : " Monsieur De Corn nous mena à son petit château LE TULOUP. Des paroles de sympathie, un repas d'accueil chaud, la perspective de pouvoir enfin dormir dans un lit, (même si le matelas était en feuilles de maïs !), quel réconfort après notre pénible voyage !
C'est Madame De Corn qui m'orienta vers l'Institution Saint Joseph où le Directeur Lachèze, après un interrogatoire serré et sur seule foi de mes dires (car après 10 ans de loyaux services, le Collège St Etienne n'avait pas trouvé nécessaire de nous donner une quelconque attestation...) m'engagea comme professeur de Français et de Mathématiques en Sixième et me confia à l'Abbé Calès pour m'initier à la marche de la maison.
Chaque matin, au pas de course, j'arrivais chez lui et nous programmions un cours. En fin de journée, je repartais à pied, 5kilomètres, vers Le Tuloup.
J'étais contente de retrouver à Saint Jo des élèves du Collège St Etienne. Nous travaillions ferme et les Périgourdins, habitués à " marcher au pas du laboureur " avaient du mal à suivre notre rythme !
Mais ceci est une autre histoire... que je vous raconterai si elle vous intéresse.