Le Collège à l'honneur.


Souvenirs d'un ancien professeur.

René EPP


Les Marianistes ont marqué de leur empreinte l'enseignement au Collège. le chanoine Epp, ancien professeur d'Histoire - Géographie, revient sur ce sujet.

Lorsque, jeune enseignant, je suis arrivé au Collège Saint-Étienne en octobre 1953, j'ai été frappé durant l'année scolaire 1953-1954 par le fait que l'on faisait souvent prier les élèves "pour la béatification du Père Chaminade". Il a fallu attendre encore presque un demi siècle ; c'est chose faite maintenant : Le Père Chaminade a été béatifié par Jean-Paul II le 3 septembre 2000.
Le 17 avril 1955, le Père Andlauer, un ancien élève du Collège Saint-Etienne, a été béatifié par Pie XII ; durant l'année scolaire 1954-1955, différentes manifestations se sont succédées à cette occasion au Collège et en ville. Un pas de plus vient d'être franchi : le Père Andlauer a été canonisé par Jean-Paul II, le 1er octobre 2000.


1) Guillaume-Joseph Chaminade (1761-1850), fondateur des marianistes, béatifié.

Guillaume-Joseph Chaminade est né à Périgueux en 1761. C'était le quatorzième enfant d'une famille profondément chrétienne. En 1771, il entre au Petit Séminaire de Mussidan (Dordogne). Quatre années plus tard, il prononce les vœux de pauvreté, chasteté, obéissance. En 1785, il est ordonné prêtre.
En 1790, en pleine Révolution, il se rend à Bordeaux ; il refuse de prêter serment à la Constitution civile du clergé et exerce clandestinement le ministère sacerdotal. Lors de la nouvelle persécution religieuse sous le Directoire en 1797, il émigre à Saragosse (Espagne), où il réside pendant trois ans. Là, près de Notre-Dame du Pilar, il forge ses convictions mariales et apostoliques et songe à fonder une famille de laïcs et de religieux dévoués à Marie.
En novembre 1800, il revient à Bordeaux. Il s'efforce de rebâtir sur des bases nouvelles, l'ancienne congrégation mariale (association de laïcs créée par les jésuites), en donnant à ses membres une solide formation religieuse et en les orientant vers la rechristianisation de la France (ceci, nous y insistons, avant la signature du Concordat le 1 5 juillet 1801, qui rétablit la paix religieuse en France). Le Père Chaminade est considéré à juste titre comme le précurseur de la participation des laïcs à la vie de I'Eglise. En 1801, il obtient du Saint-Siège le titre de missionnaire apostolique.
En 1816, il fonde à Agen l'institut des Filles de Marie Immaculée et l'année suivante à Bordeaux, la Société de Marie. Leurs premiers membres, qui plus tard s'appèleront "marianistes" sont issus des congrégations mariales, femmes et hommes qui veulent répondre au Seigneur par un engagement plus radical.
Les deux Instituts se développent rapidement en France. Etant donné l'urgence de la question de l'enseignement, les Frères et les Sœurs marianistes se consacrent aux écoles primaires, secondaires et d'arts et métiers, d'abord dans le Sud-Ouest de la France, puis en Franche-Comté et en Alsace; ils enseignent pour éduquer et pour former dans la foi. Les communautés et les oeuvres de la Société de Marie essaiment non seulement en France, mais aussi en Suisse (1839), aux Etats-Unis (1849) et dans le monde entier.
En Alsace, les marianistes ont tenu longtemps des écoles primaires de garçons. Ils ont dirigé le Collège Episcopal Saint-Étienne à Strasbourg de 1919 à 1972. Ils animent encore actuellement le Collège Episcopal Saint-André à Colmar. L'institution Sainte-Marie à Saint-Hippolyte fait fonction de noviciat et de maison de retraite, Ils sont placés aussi à la tête de paroisses, constituent des communautés et accompagnent des fraternités de laïcs.


2) Modeste-Victor Andlauer (1847-1900), ancien élève du Collège Saint-Etienne, canonisé.

Modeste-Victor Andlauer est né à Rosheim en 1 847, le huitième d'une famille de neuf enfants. Ses parents y tenaient une boulangerie. Après avoir fréquenté l'école primaire dans sa ville natale, il fit ses études secondaires au Petit Séminaire - Collège Saint-Étienne de Strasbourg de 1863 à 1869. En 1869, il entra au Grand Séminaire de Strasbourg dirigé par Pierre-Paul Stumpf, le futur évêque du diocèse. A la fin de sa troisième année de théologie (1872), il entra dans la Compagnie de Jésus; il accomplit son noviciat à Saint-Acheul, près d'Amiens, et poursuivit sa théologie à Lavai (Mayenne). Ordonné prêtre à Amiens en 1877, il enseigna la langue allemande dans les Collèges jésuites d'Amiens, de Lille et de Brest. En 1881, il se rendit en Angleterre en vue d'y effectuer sa troisième année de noviciat. Son dernier séjour en Alsace date d'août 1 882.
Parti comme missionnaire en Chine en septembre 1 882, il est actif dans le Sud-Tcheli, à 200 km au sud de Pékin. Il apprend pendant deux ans la langue chinoise, puis il exerce le ministère dans les missions d'Ou-Kiao (1887) et d'Ou-i (1898).
Le 19 juin 1900, entre 17 et 18 heures, il est massacré par les Boxers, avec son confrère le Père Rémi lsoré, dans la chapelle de sa résidence d'Ou-i, après avoir refusé d'abjurer la foi. On trouva les deux corps percés de coups de lance, près de l'autel de la chapelle. 52 chrétiens furent également massacrés.
Sa fête se célèbre le 19 juin, en même temps que celle du Frère convers franciscain André-Joseph Bauer, originaire de Guebwiller, autre martyr, décapité par les Boxers en 1900.

Les canonisations et les béatifications ne correspondent peut-être pas trop à la mentalité de notre époque; il n'est cependant pas interdit d'invoquer le nouveau saint et le nouveau bienheureux et de les prier tout particulièrement pour le Collège Saint-Étienne.