François Fabre
"Il faut voir ça avec l'A.C.L.", "demandez donc une subvention
à l'A.C.L."... Voilà de petites phrases entendues bien souvent
au Collège Saint-Etienne. Et puis parfois une voix timide s'élève
"Mais qu'est-ce c'est que l'A.C.L.'?", à qui on a vite fait
de répondre :"C'est l'Association Culture et Loisir", ce qui
n'éclaire pas beaucoup le debat.
Aussi, comme j'ai eu l'honneur d'être membre fondateur de cette Association,
je me permets d'en faire ici un bref historique. Tout commence un jour de mai
1969. Mon collègue et ami Jean-Bernard HOERLE et moi-même venions
de réussir notre CAPES, concours qui s'était tout juste ouvert
aux professeurs de l'Enseignement Privé. Cette année-là
aussi c'était le début de la mise en place des Conseils d'Etablissement
et autres. A l'un de ces conseils, le Père Bernard VIAL, alors supérieur
du Collège, annonça en substance "Maintenant que MM. HOERLE
et FABRE se trouvent débarrassés des soucis d'examens, ils vont
se charger de nous préparer une grande fête du Collège."
Nous étions pleins de bonne volonté, beaucoup de collègues
jeunes comme nous (eh oui! nous avons été jeunes!) en étaient
aussi remplis et nous avons constitué une petite équipe de volontaires
pour tâcher de mettre la chose au point. Nous fîmes appel à
quelques parents que nous connaissions mieux que les autres et qui firent preuve
de beaucoup d'enthousiasme.
Mais voilà, bonne volonté et enthousiasme, même additionnés,
ne font pas une fête. Et puis nous ne disposions guère que d'un
mois pour tout mettre au point trouver des fournisseurs, des animateurs de stands,
faire livrer tout le matériel en temps utile, essayer de calculer les
quantités nécessaires de nourriture et de boissons, etc... (un
etc que vous pouvez imaginer très long !).
Nos ambitions étaient modestes. Sur le plan des nourritures terrestres
nous nous contenterions de saucisses chaudes, de frites (quelques friteuses
familiales furent mises à contribution, mais aussi à mal!), de
sandwiches au jambon, et de boissons assez limitées : bière, orangina,
coca, si mes souvenirs sont bons. Dans les stands de jeux on trouverait tous
les jeux traditionnels de ce genre de festivités pêche à
la ligne, chamboule-tout, mais surtout un vrai stand de tir pour grandes personnes!
(N'est-ce pas, M. l'abbé KEMPF ?).
On arriva à trouver in extremis des tables de brasserie et des bancs
à installer dans la cour.
Enfin, puisqu'il faut appeler les choses par un nom, la Fête reçut
celui de Fête d'Amitié et le groupe organisateur celui de Comité
des Fêtes.
Le père VIAL nous fit un cadeau magnifique : contrairement à ce
qui se passait alors dans les autres Etablissements où le bénéfice
de la fête annuelle servait de petit supplément au budget d'ensemble,
il voulut que nous gérions nous mêmes les recettes et les dépenses.
En outre pour les dépenses antérieures à la fête,
donc à toute recette, le Collège devait nous dépanner.
Cela eut aussi des inconvénients, car de mauvaises langues firent courir
le bruit que les bénéfices avaient été partagés
entre MM. HOERLE, FABRE et SOMMER (M Jean-Jacques SOMMER était alors
Econome adjoint du Collège, avant de devenir Econome).
Je dresserais bien la liste des membres de ce premier Comité des Fêtes,
mais j'aurais peur d'oublier certains d'entre eux et surtout de me tromper dans
les dates et de faire entrer en 1969 des gens qui ne sont entrés que
plus tard. Je me contenterai donc de quelques noms dont je suis à peu
près sûr. Que les autres veuillent bien m'excuser et éventuellement
se rappeler à mon bon souvenir. Côté professeurs, outre
les trois déjà nommés, il y eut les chevilles ouvrières
MM. SCHLAEFLI, BRIDONNEAU, DICHTEL, auxquels vinrent se joindre de nombreux
autres dès cette année-là ou les suivantes. Côté
parents je me souviens de MM et Mmes CHARPY, LETOURNEL, BIEHLER, BASTIAN, SCHWEYCKART,
CORDES. Côté élèves, enfin, je vois les frères
BIEHLER et les frères SCHWEYCKART, ainsi que Jacques BASTIAN. Que tous
les autres pardonnent à ma mémoire d'autant plus défaillante
que le Comité des Fêtes était très informel et qu'il
n'y a aucun compte-rendu de séance datant de l'époque. Enfin le,
ou plutôt les grands jours arrivèrent. Je ne sais plus si c'était
les 7 et 8 ou les 14 et 15 juin, mais peu importe en l'occurrence. Tout se déroula
parfaitement le samedi après-midi, sauf que dès 17 ou 18 heures
nous étions obligés de nous pendre au téléphone
(pas de portable à l'époque, il n'y avait qu'un poste à
notre disposition!). Il nous fallait absolument trouver une ou plusieurs charcuteries
qui accepteraient de nous livrer des knacks pour le dimanche : tout ce qui avait
été prévu était consommé ou sur le point
de l'être. Même problème avec les boissons, mais là
ce fut plus vite réglé, grâce à l'intervention du
fils de Mme Breugnon qui travaillait dans une grande brasserie de Schiltigheim
et qui pouvait avoir accès aux magasins. Finalement tout se résolut
au mieux, tandis que des dames dévouées confectionnaient des sandwiches
ou pelaient des pommes de terre, car il n'était pas encore question de
frites surgelées!
Dans le domaine des attractions non alimentaires (quoique...) on pouvait voir
MM. CHARPY et LETOURNEL serrer amoureusement dans leurs bras un adorable petit
cochon de lait tout rose dont le gagnant serait celui ou celle qui, dans ses
estimations, s'approcherait le plus du poids de l'animal.
J'ai participé à tant d'autres Fêtes d'Amitié depuis,
que je ne m'aventurerai pas à dire quelles idées sont nées
dès cette première fois et lesquelles ont été le
fruit de l'expérience.
Un des aspects qui au moment même nous parut très positif, ce fut
de voir Les Marianistes, avec à leur tête le Père VIAL,
empoigner des balais et nous aider à nettoyer la cour et à tout
remettre en place le dimanche soir, alors que la fête avait duré
fort tard.
Bref le bilan fut très positif, même si j'ai oublié les
chiffres, et on vit apparaître un problème : que faire de la recette?
C'est à partir de cette question que, peu à peu, les années
suivantes, M. BRIDONNEAU fit adopter l'idée de l'acquisition d'un orgue
pour l'église du Collège. Il se mit en quête d'un facteur
d'orgues, fit établir un devis et des propositions au Comité des
Fêtes. Mais alors se posa le problème de la propriété
de l'orgue. Dans ces années-là on craignait encore beaucoup une
nationalisation progressive de l'Enseignement Privé. Si l'orgue appartenait
au Collège, il serait nationalisé avec le reste, et tous ceux
qui au fil des années, s'étaient investis parfois énormément,
ne tenaient pas à être dépossédés. C'est alors
que s'imposa l'idée de la création d'une Association indépendante
du Collège, qui serait propriétaire de l'orgue et des autres matériels
que les fêtes suivantes permettraient d'acheter pour le bénéfice
des élèves. Le Comité des Fêtes était exactement
la structure qui convenait, mais il restait informel, ce qui nous amena à
le transformer en Association Culture et Loisirs du Collège St-Etienne
(A.C.L.). Depuis beaucoup d'eau a coulé sous le pont St-Guillaume, mais
pour l'essentiel l'A.C.L. est restée fidèle à elle-même.
Et comme le dit si bien un vieux texte latin que beaucoup de mes élèves
ont traduit aux approches de Noël "Secum saxa fini".